L’eau est un des quatre éléments classiques mythiques avec le feu, la terre et l’air, et était vue par Empédocle comme l’élément de base de l’univers. Les caractéristiques de l’eau dans ce système sont le froid et l’humidité.
Histoire
À l’origine il s’agissait d’une hypothèse de certains philosophes grecs présocratiques et notamment d'Empédocle au Ve siècle av. J.-C., selon laquelle tous les matériaux constituant le monde seraient composés de quatre éléments, dont chacun est représenté par un symbole différent dans la tradition alchimique :
- la Terre (symbole
) ;
- l'eau (symbole
) ;
- l'air (symbole
) ;
- le feu (symbole
).
Chaque substance présente dans l’univers serait constituée d’un ou plusieurs de ces éléments, en plus ou moins grande quantité. Ce qui expliquerait le caractère plus ou moins volatil, chaud, froid, humide, ou sec (= les quatre qualités élémentales) de chaque matière. La théorie repose sur des arguments philosophiques et spéculatifs.
Les philosophes présocratiques ont imaginé une essence première en toute chose. Thalès, le premier à chercher l'élément premier, choisissait l'eau ; Héraclite voyait dans le feu l'élément premier à l'origine de toute matière[7] ; Anaximène, lui, envisageait l'air comme essence de toute chose ; enfin, Empédocle, au début du Ve siècle avant notre ère, admit que les quatre éléments réunis composaient l'univers. Pour Démocrite, l'univers était composé d'« atomes » (en grec « a-tomos », qui ne peut être coupé), c'est-à-dire de particules microscopiques insécables et éternelles, qui composeraient la matière comme des briques forment un mur et qui auraient la forme générale de l'objet (rond, pointu, concave...)[8].
(…) L'ordre ou la hiérarchie des éléments est également sujette à interprétation. D'après la première interprétation présentée ci-dessus, Empédocle nomme les éléments dans l'ordre suivant, sans expliquer pourquoi : Feu, Air, Terre et Eau. Aristote, se fondant sur l'idée que la chaleur s'élève et qu'il y a toujours de la terre sous l'eau, établit la série : Feu, Air, Eau et Terre.
La complétude de ce système est également discutable. Combien d'éléments y a-t-il ? Le jeune Aristote et l'auteur de l'Épinomis ajouteront un cinquième élément, qui est donc la quinte essence : l'Éther ; ce dernier élément, qui constitue la substrat des corps célestes, n'est pas soumis à la génération et à la corruption, aux changements de qualité ou de dimension, et il se déplace, non en ligne droite comme les autres, mais en cercle (Aristote, Du ciel, I, 2, 3), ce qui explique le mouvement circulaire des étoiles (en réalité dû à la rotation de la Terre). (fr.wikipedia.org)
Empédocle. Avis.
Sharahstani d’écrire à son sujet[9] : Il est du nombre des grands [philosophes], de l’avis de tous en matière de sciences sa vue était pénétrante, en matière d’actions sa conduite était aimable. Il vécut à l’époque du prophète David, sur lui soit le salut, il alla vers lui et apprit de lui la science[10] ; il fréquenta le sage Luqmân[11] et recueillit de lui la sagesse ; puis il revint enseigner en Grèce.
Il dit : Du Créateur Très Haut l’être (huwiyya), et rien d’autre, a toujours existé ; il est la Science pure, il est la Volonté pure, il est la Générosité, la Gloire, / la Puissance, le Bien, le Vrai ; non que ce soient là des vertus (quwâ) nommées de ces noms, mais elles sont lui et lui les est toutes ensemble, Créateur seulement sans qu’il ait créé à partir d’une chose, sans qu’aucune ait été avec lui[12]. Il créa donc la chose simple, qui est le principe des [choses] simples et de l’intelligence, c’est la Matière Prime ; puis il multiplia les choses simples à partir de cette première créature simple, une et première ; puis à partir des [choses] simples il fit exister les [choses] composées. Il est le créateur de ce qui est une chose et de ce qui ne l’est pas, l’intellectif, le discursif, l’intuitif ; c’est-à-dire qu’il est le créateur des contraires et des opposés intelligibles, imaginaires et sensibles. Empédocle dit : Le Créateur Très Haut créa les formes, non par mode d’une volonté qui aurait commencé mais selon qu’il est cause, sans plus, et qu’il est la Science et la Volonté. Ainsi donc le Créateur a créé les formes en ce seul mode qu’il est leur cause. Mais la cause est indépendante de l’effet (fa-l’illa wa-lâ ma’lûl) ; sinon l’effet serait avec la cause selon un accompagnement (ma’iyya) essentiel, / et s’il est possible de dire qu’un effet est [ainsi] avec sa cause, alors dans ces conditions l’effet n’est pas autre que sa cause et [on pourra dire] que l’effet n’a pas plus de titre que la cause d’être un effet, sans que la cause ait plus de titre que l’effet d’être causée. [Puisque cela n’est pas] l’effet est donc subordonné à la cause et la suit, et la cause est cause de toutes les causes, c’est-à-dire cause [de proche en proche] de tout effet qui lui est subordonné ; donc nécessairement l’effet n’est pas avec la cause absolument d’aucune façon, sinon les mots de cause et d’effet seraient vides de sens.
Or le premier effet [du Créateur] est la Matière (‘unṣur) ; la deuxième effet, [causé] par la médiation [de la Matière], est l’Intellect ; le troisième, [cause] par leur médiation, est l’Âme ; ce sont des êtres simples et omniprésents. Ce qui vient après eux, ce sont des êtres composés.
(…) On rapporte qu’Empédocle a dit : Le monde est composé de quatre éléments (usṭuqsât[13]) et au-delà il n’y a rien qui soit plus simple qu’eux[14]. |